Le syndicat national du traitement et de la valorisation des déchets urbains et assimilés (SDVU) organisait une conférence de presse lundi pour revenir sur cette étude et faire un point sur les atouts de cette technologie, selon les mots de Luc Valaise, le nouveau président du syndicat.
Incinérateurs : les usines actuelles moins polluantes
Depuis la fin des années 80, les incinérateurs doivent répondrent à des normes européennes, tendant à limiter la diffusion de poussières dans l'air et l'environnement via notamment l'installation de filtres. En 2003, la dernière usine d'incinération non filtrée a fermé ses portes. En 2006, l'ensemble des installations était aux normes. La France a mis quatorze ans pour se mettre en conformité avec la réglementation européenne ! explique Jean-François Narbonne, professeur de toxicologie à l'université de Bordeaux, et qui se présente comme le premier opposant aux incinérateurs en 1988. Ce scientifique invité par le syndicat pour s'exprimer devant les journalistes a confirmé les conclusions de l'étude de l'InVS : les incinérateurs de première génération produisaient 50 à 150 nanogrammes de dioxines par mètre cube. Entre 1991 et 2006, ce chiffre est passé entre 1 et 5 nanogrammes. Depuis 2006, nous sommes plutôt autour de 0,03 nanogrammes. Il y a eu une baisse réelle des émissions de dioxine. Plus que les incinérateurs, ce sont les chaufferies au bois et les crématoriums qui posent problème sur l'émission de dioxines. En revanche, aujourd'hui encore, certains sols situés à proximité d'usines d'ancienne génération sont pollués. La dégradation de cette substance est très lente.
Améliorer le rendement des usines d'incinération
De son côté, Luc Valaise, président du SDVU, a tenu à présenter les objectifs des professionnels du secteur pour améliorer cette énergie des déchets. Pour lui, ce mode de traitement des déchets possède de nombreux atouts : c'est un moyen réduire de manière très importante le volume des déchets. Aujourd'hui, l'incinération réduit de 70 % le volume des déchets, de 90 à 95 % lorsque les mâchefers (résidus de l'incinération) sont valorisés. Les détracteurs de cette technologie la dénoncent pourtant du fait qu'elle ne supprime pas complètement les déchets et que l'élimination des mâchefers, souvent toxiques, pose problème.
Pour le président du SDVU, l'incinération est également un moyen de maximiser l'énergie des déchets : nous souhaitons redonner toute sa place aux énergies renouvelables issues de l'incinération, via les réseaux de chaleur ou la fabrication d'électricité. Pour cela, il nous faudrait des incitations positives : un tarif d'achat de l'électricité plus élevé par exemple, ou une exonération de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) pour les incinérateurs les plus vertueux. La création récente du fonds chaleur est une bonne initiative.
Luc Valaise reconnaît que la profession doit faire des efforts. Il est clair que notre rendement n'est pas suffisant aujourd'hui. Nous devons emmener le maximum d'incinérateurs au meilleur niveau de rendement énergétique. Concernant les mâchefers, nous sommes d'accord pour que la réglementation soit beaucoup plus stricte afin d'améliorer leur traçabilité. Certaines associations de protection de l'environnement plaident également pour un prélèvement continu des dioxines, comme c'est le cas en Belgique. Aujourd'hui la réglementation française impose deux mesures par an. Nous ne sommes pas opposé au prélèvement continu mais nous souhaitons que ce soit réalisé par l'Etat, par l'intermédiaire des DRIRE pour davantage de crédibilité.
Rappelons qu'à la suite du Grenelle de l'environnement, a été inscrite dans la loi de Finances 2009 la mise en œuvre à partir du 1er janvier 2009 d'une TGAP nouvelle sur chaque tonne de déchets ménagers et assimilés qui entre dans une installation d'incinération ou co-incinération de déchets. Cette mesure traduit l'un des engagements du Grenelle de l'environnement de renchérir progressivement et de façon lisible le traitement des déchets afin de favoriser la prévention et le recyclage. Cette taxe devrait être modulée en fonction de l'efficacité environnementale et énergétique de ce type d'installation.